Gange
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Les journées sont ce qu'elles peuvent,
Pareilles aux débris poussés par le Gange,
Les flottilles des cimetières du fleuve
Sous des corps que rien ne dérange.
Chemin luisant sur le marbre
Des destins de coeurs exigus
Se balancent dans les arbres
Aux cordes des branches rompues.
Limace pendue à un treuil
Tisse en voile de firmament
Sa trace qui va du cercueil
Aux lisses toiles des serments.
Les journées sont ce qu'elles peuvent,
Pareilles aux débris poussés par le Gange,
Les flottilles des cimetières du fleuve
Sous des corps que rien ne dérange.
Lampyre, abouti d'un fanal,
Qui dresse la pointe d'un jour,
Soupire, se résout, au final,
A les éteindre par amour.
Noctuelles vagabondes,
Lors d'errances abyssales,
Des profondeurs qui abondent,
En plein coeur du règne animal.
Les journées sont des hyènes de pierre,
Coulées au large de rives étranges.
Elles ont mangé toute ma lumière
...mais c'est vrai que c'était le Gange.
Mon organe de pierre,
Creusé au coeur de la lave
Des eaux fortes par la cendre,
Où passerait la lumière,
Au delà des mots que l'on grave,
Mourrait sous la voix de Cassandre.
Les journées sont ce qu'elles peuvent,
Pareilles aux débris poussés par le Gange,
Les flottilles des cimetières du fleuve
Sous les corps que rien ne dérange.
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